La minute culturelle

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art (graphique)

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dimanche, novembre 1 2009

Marzi

Plutôt que de sortir la discographie des B-52's dont tout le monde se fout, je préfère passer à autre chose, à quelque chose qui vaut vraiment la peine qu'on y consacre une minute culturelle.

C'est par ailleurs une première car il n'y avait jamais eu de minute consacrée à une bande dessinée ... c'est maintenant réparé.
Marzi nous raconte l'histoire d'une petite polonaise née à la fin des années 70, le quotidien de l'époque : les files d'attente devant les magasins pour trouver des étagères vides, les rationnements en tous genres, l'autorité du régime et la difficulté jour le jour. Un point de vue très intéressant sur le communisme, à travers les yeux d'une fillette qui le subit et qui apprend à vivre avec.


Tour à tour touchante, marrante, triste, Marzi nous emmène au cœur du quotidien de la vie des Polonais dans les années 80. Que ce soit avec les parties de cache-cache dans les cages d'escaliers de son immeuble, les histoires racontées à sa poupée, les multiples rencontres avec les tantes et oncles habitant dans des petits villages reculés à la campagne, on est littéralement transportés avec cette BD ... c'est pour moi un must dans sa bédéthèque.

Le format rappelle un peu celui de Persepolis, le découpage des planches est assez simple, le dessin va a l'essentiel, ça ne se perd pas en fioritures (pas au sens péjoratif, ça ne manque pas de détails ...) mais c'est bel et bien l'histoire qui prend le pas et qui vous guide au fil des pages.
Ce n'est pas un hasard si les 2 histoires se ressemblent, car Marzi, tout comme Marjane la petite héroïne de Persepolis, existe dans la vraie vie. Elle s'appelle Marzena Sowa et c'est la compagne de Savoia, le dessinateur. Elle a découvert la France à 19 ans et est revenue 2 ans plus tard pour poursuivre des études de lettres modernes.


C'est à force de discuter avec elle de son enfance et de ses souvenirs qu'il lui demanda de tout coucher sur papier, et ils construisirent petit à petit cette bande dessinée.
Quelle bonne idée :-)

interview de Marzena Sowa sur evene.fr

Pour le bonus, c'est interactif cette fois, je vous propose 2 idées sorties :
soit l'avant-première d'un documentaire sur Marzi, à Reims le 11 décembre prochain
soit une expo à l'université de Charleroi, qui se tient jusqu'au 27 de ce mois.

mardi, juin 2 2009

La fée Electricité

Après une petite pause pour cause de surmenage, nous voilà repartis pour de nouvelles aventures.
Ce soir au menu donc, la fée électricité, non pas l'électricité en elle-même, mais l'oeuvre de Raoul Dufy entamée en 1936 et achevée un an plus tard.

Cette œuvre est en réalité une commande de la "Compagnie Parisienne de Distribution d'Electricité", qui allait devenir quelques années plus tard EDF, à l'occasion de l'exposition universelle de 1937. Et comme il fallait concevoir le décor qui allait habiller tout un pavillon de l'exposition (le pavillon de l'Electricité et de la Lumière), Dufy s'est fait plaisir et s'est lancé dans une œuvre qui allait s'étendre sur un peu plus de 600 m².
Comment arriver à une telle surface me direz-vous ?
La fée Electricité n'est pas une toile, mais est composée de petits panneaux en contreplaqué (250 au total) de 1,20m x 2m, qui ont été peints à l'huile puis assemblés sur place. L'œuvre comprend 110 personnages divers et variés, représentant "le rôle de l'électricité et le rôle social de la lumière" (mot pour mot l'objectif de la commande passée) et Dufy s'est documenté à fond avant de se lancer dans le dessin des personnages, puisque le temps imparti aux recherches a occupé environ 2/3 du temps que l'œuvre a mis à naître.


Le tableau peut se regarder en 2 temps, en bas tous les savants semblent partager d'improbables discussions (Aristote qui taille une bavette avec Edison, non mais sans déconner ... :-D )
En partie haute, on retrouve des scènes qui sont liées à ce que l'électricité a permis du point de vue industriel.

Ce tableau trône depuis au musée d'art moderne de Paris, il a même été désamianté en 2006 pour la remise en conformité du musée, c'est bon c'est safe, vous pouvez y aller :-)

lundi, avril 20 2009

Studio Ghibli

Comme son nom ne l'indique pas, il s'agit d'un studio d'animation japonais :-)
Ca vous dit forcément quelque chose, même de loin, c'est ce studio qui est derrière des succès comme Le Voyage de Chihiro, ou Mon voisin Totoro pour aller chercher un peu plus loin.

Tout d'abord, le premier détail intéressant dans le Studio Ghibli, c'est le nom tout bêtement :-p
Ghibli est le nom d'un vent chaud du Sahara, et c'est aussi connu pour avoir inspiré pas mal de prototypes d'avions furtifs durant la 2è guerre mondiale. Vu que les fondateurs du studio étaient fascinés par l'aviation de l'entre-deux guerres et le monde de pilotes de l'air de cette époque (frappant dans le génial Porco Rosso), ils décidèrent d'appeler leur studio ainsi.
(C'est aussi le nom d'une splendide Maserati, mais ce soir on va s'intéresser uniquement à l'animation, sinon on va en perdre la moitié en route ... :-) )

Le 2ème détail intéressant c'est le concept même du Studio, c'est le seul studio japonais qui ne fait que des longs métrages, et met vraiment l'accent sur la beauté du dessin et la force des scénarios (on est loin des cheveux géométriques de Vegeta et des décors intergalactiques pouraves de DBZ ...)
Il y a certains éléments qu'on retrouve d'un long-métrage à l'autre, comme par exemple le thème de l'écologie et de la vie en harmonie entre l'homme et la nature (dont les prémices étaient annoncés par Goldorak en son temps) ... Il y a aussi des personnages dont les traits sont repris plusieurs fois, comme des clins d'oeil (il y a toujours un groupe de petites vieilles, toujours par 3, et toujours avec les mêmes traits) et des personnages apparaissent de manière récurrente (les petites boules de suie de Chihiro, les susuwararis).

Parmi les succès du Studio Ghibli, on peut trouver :
(par ordre chronoloique, mais non exhaustif, il y en a bien plus ;-))

  • Mon voisin Totoro
  • Le tombeau des lucioles
  • Porco Rosso
  • Princesse Mononoké
  • Le voyage de Chihiro
  • Le château ambulant

Et je ne peux que conseiller le tout dernier en date, Ponyo sur la falaise. Juste pour le plaisir, on se fait un petit coup de générique :


Ponyo - bande annonce

Et là vous êtes foutus, vous avez le générique en tête pendant 3 jours :-)

lundi, février 16 2009

Jean-Michel Basquiat

Bref retour sur la vie d'une étoile qui a filé trop vite ...
Il restera à jamais comme le seul vrai artiste graffeur, celui qui a porté cet art au devant de la scène et qui a su l'utiliser comme tremplin pour sa véritable carrière d'artiste.


Né en 1960 d'une maman porto-ricaine et d'un papa haïtien, il montrera très jeune de bonnes aptitudes pour le dessin et la peinture, domaine dans lequel il sera bien encouragé par maman, qui lui donnera le goût et l'envie d'acquérir tout petit déjà une bonne culture artistique. A 17 ans il s'attaquera aux murs de Brooklyn et aux immeubles en ruine de SoHo avec son ami Al Diaz, laissant su tous leurs graffs leur signature "SAMO", pour Same old shit. Cela va durer ainsi quelques années, il abandonnera la lycée, vivra de petits boulots ça et là : vendeur de cartes postales dans la rue, gérant une boutique de vêtements d'occasion ...

A la fin des années 70 il se fait remarquer par René Ricard (une telle continuité dans les minutes culturelles, ça ne s'invente pas :-p) un critique d'art pour ses graffitis, et pourra dès lors organiser ses premières expositions. Il exposera aux côtés de Keith Haring entres autres, et aura l'occasion de se lier d'amitié avec le pop-artiste Andy Warhol avec qui il devint très proche. Les 2 artistes se découvrirent énormément d'atomes crochus et s'influencèrent mutuellement, peignant parfois même ensemble. Toujours plus ou moins accro à différentes drogues, ce sera d'ailleurs la mort de Warhol qui marquera un tournant dans l'addiction de Basquiat et le précipitera dans une spirale dépressive et addictive.
Il décèdera accidentellement en 1988, environ 1 an après son ami, des suites de mélanges de stupéfiants. Héroïne et cocaïne ne font pas bon ménage, on ne le répétera jamais assez :-/



Il restera à jamais comme l'un des chefs de file du neo-expressionisme, et laissera sans doute quelques uns des plus beaux graffs sur des murs pouilleux que d'autres murs pouilleux rêveraient d'arborer pour cacher leur misère.

dimanche, janvier 4 2009

Le déjeuner sur l'herbe

Cette œuvre a été présentée en 1863 par Edouard Manet au salon des refusés, une sorte "d'anti-salon" pour les malchanceux qui se sont vus refuser l'autorisation de présenter leurs créations au Salon des Artistes (initiative de Napoléon lll).
Tout d'abord nommée Le Bain puis La partie carrée par le peintre, cette toile fera scandale en raison du personnage central, cette femme complètement nue au milieu de la scène. Ce qui choque en fait n'est pas tant que cette femme soit nue, mais plutôt qu'elle soit consciente de sa nudité, bien que les 2 hommes semblent mener une conversation banale et ne pas y prêter attention (j'ai bien dit semblent, il aurait fallu que Manet ajoute des bulles pour savoir ce qui se disait réellement ...)


Les interprétations sont comme souvent multiples, et on peut y voir des allusions à des œuvres plus anciennes, notamment de Titien ou de Watteau. Cependant tout laisse à penser que Manet a simplement souhaité peindre cette scène sans avoir l'intention de choquer ni de provoquer, la femme est simplement nue car elle sort de la rivière, et elle sèche tranquillement sur sa serviette.
Elle a probablement été placée à cet endroit pour capter à la fois la lumière de la scène et l'attention du spectateur, mais je vous laisse découvrir l'argumentaire de Zola, il est bien plus fort que moi dans les descriptions :-p
http://www.ac-orleans-tours.fr/lettres/coin_prof/realisme/dejeuner.htm

Le détail intéressant dans Le déjeuner sur l'herbe est qu'il en a inspiré d'autres, notamment celui de Monet, à peine 2 ans plus tard en 1865, qui est en réalité une version plus "montrable" d'un déjeuner en pleine nature de la bourgeoisie de l'époque.


Cette toile de Monet traite exactement du même sujet, mais dans un style complètement différent, impressionniste forcément (ceux qui prennent le temps de regarder la toile en détails noteront le jeu de lumières dans les feuillages et dans les robes des dames, ça s'appelle simplement la maîtrise ...).

Picasso a donné sa version également vers la fin de sa vie, la toile est méconnaissable par rapport à l'originale, ce n'est plus la même démarche que Monet, il nous livre là sa propre vision du déjeuner, plus vivante, plus naïve ... plus cubiste peut-être :-p


Plus près de nous en 1994 un sculpteur américain, John Seward Johnson Junior a recréé la scène en 3 dimensions, le résultat est assez bluffant et ma foi bien réussi je trouve.


Peut-être un peu flippant de réalisme, on dirait que les modèles vont bouger ...

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