Comme vous le savez sans doute, depuis cet après-midi Alain Bashung n'est plus.
Y a un truc qui a fait masse ...
(elle était facile)
Puisqu'on va vous gonfler avec ça pendant les quelques jours qui vont suivre, voire les quelques semaines, et que chaque journaliste va y aller de son petit hommage et de son petit mot, je vous propose ce soir de centrer la minute culturelle uniquement sur l'album Fantaisie militaire, quitte à restreindre un peu le génie de l'artiste.


Cet album est un des plus noirs de Bashung, il arrive à un moment difficile de sa vie (juste après son divorce) et la seule lueur d'espoir arrive sur la dernière plage, Angora.
Tout au long de cet opus, on retrouve un artiste blessé, quasiment dépressif, et surtout ravagé par l'alcool. Il restera cependant pareil à lui-même concernant l'interprétation, il alterne avec brio les passages où il joue le rocker intouchable, limite macho, et le crooner fragile et vulnérable. On le retrouve toujours là où on ne l'attend pas, c'est l'artiste à contre-courant par excellence, c'est sans doute ce qui caractérise le mieux l'ensemble de sa carrière.

Poète touchant, amoureux désabusé, alcoolique un peu paumé ... Fantaisies militaires est le reflet et le mélange de tout ça à la fois, un peu comme son auteur. Curieusement, c'est un de ses albums qui sera le mieux accueilli par le grand public, notamment grâce au titre La nuit je mens.
Si Bashung était un interprète hors normes, il a été merveilleusement servi par des paroliers non moins originaux que lui, notamment Jean Fauque ou Boris Bergmann qui lui ont offert ses plus beaux titres (selon moi, je n'ai pas la prétention de détenir l'objectivité des Inrockuptibles :-p) : juste pour le plaisir on peut se refaire un petit Vertige de l'amour, Gaby oh Gaby, Osez Joséphine, je ne vais pas me lancer dans une liste exhaustive, il y en a tant d'autres.


Actif jusqu'à la fin de sa vie, on pouvait encore le voir sur scène jusqu'à cette semaine ... il se payait même le luxe de participer à des projets parallèles (notamment les aventuriers d'un autre monde avec lesquels il avait fait 6 dates en 2008). Son dernier album Bleu pétrole est sorti début 2008, et a crevé l'écran aux dernières victoires de la musique en raflant 3 trophées il y a quelques jours à peine.

Pour finir en beauté tout de même, une reprise que je trouve particulièrement touchante, ce sont Les mots bleus de Christophe dans une version "à fleur de peau" qui convainc bien plus que la version originale quelque peu nasillarde et à l'interprétation mélodramatique un tantinet trop prononcée à mon goût ...