Arrivé en 1969, Let it bleed aura la lourde tâche de succéder à l'excellent Beggars Banquet dans la discographie des Stones. (oui c'est bien d'un disque dont il est question ce soir)
C'est en fait l'album qui signera l'adieu à Brian Jones, qui était un membre fondateur du groupe et le guitariste depuis 1962 et qui sera retrouvé noyé dans sa piscine par une triste journée de juillet.

Sans Brian Jones, cet album sera influencé en majorité par Keith Richards, ce qui explique divers "essais" qui contrastent un peu avec le style habituel du groupe. Parmi les titres présents sur l'album, il y en a qui entreront dans l'histoire du rock'n'roll dont le Country Honk, qui préfigure en fait Honky Tonk Woman qui fera un carton mondial quelques mois plus tard (et qui sera purement et simplement une reprise de Country Honk avec un tempo un peu plus rapide, toujours le même riff, et une cloche de vache qui bat la mesure).


Honky Tonk Woman - Rolling Stones

On trouve aussi le magnifique You can't always get what you want, touchant et un peu décalé par rapport au reste de l'album.
Ce mélange détonnant va aller direct au top, virant même le Abbey Road des Beatles en tête des charts au Royaume-Uni (pas grand monde peut s'en vanter quand même, c'est pas comme virer le best of de Frédéric François de la chaîne hi-fi de la maison de retraite du coin).

Ce LP s'inscrit dans un ensemble de 4 albums souvent considérés comme l'apogée de l'art des Stones, avec Sticky Fingers (1971) et Exile on Main Street (1972) et le sus-cité Beggars Banquet (1968). A ce propos je vous recommande cet article écrit pour Rolling Stone (le magazine cette fois) par Steven Van Zandt, qui est entre autres le guitariste du E-Street Band du "boss".
(Quand le E-Street band est actif, c'est compliqué, mais c'est une autre histoire, on la garde sous le coude pour une autre fois ...)
Un petit détour par la couverture pour finir qui offre une pâtisserie assez intéressante, à base de pneu de vélo, d'horloge et de boîte de bobines de film, humm appétissant :-)


Le bonus de ce soir : la pochette espagole de Sticky Fingers


Un peu plus trash que la pochette classique (imaginée par Warhol himself), qui se contente de suggérer les "doigts collants", mais plus consensuelle également. Dans le même registre, le bijou Sister Morphine ne figure pas sur les versions espagnoles, il a été remplacé par un vieux Chuck Berry, j'ai toujours dit que c'étaient des toquards ces sales mangeurs de paëlla.