La minute culturelle

Notre beau pays a compté jusqu'à 22 manufactures de tabacs et allumettes au plus fort de son activité.
Parmi ces 22 sites ne subsistent aujourd'hui que 6 établissements toujours en activité, si mes comptes s'avèrent exacts.

Alors, pourquoi celle de Strasbourg en particulier ?

Tout d'abord parce que contrairement à la plupart des manufactures fermées / déplacées / relocalisées pendant les années 80, celle de Strasbourg n'a fermé ses portes que très récemment (2010) et constitue un véritable joyau d'architecture industrielle implanté au cœur de la ville.

Elle pourra par ailleurs vous accueillir durant les 24 heures de l'architecture en octobre prochain, et vous livrer tous ses secrets à cette occasion.
Même si ça sera un peu tôt pour le vin chaud du marché de Noël, je pense qu'elle doit bien valoir à elle seule le détour dans la capitale de la saucisse.

Espérons que ça fasse un tabac !
Sans transition après cette vanne en béton, un petit bonus "envers du décor"

Le site de Strasbourg était uniquement spécialisé dans la fabrique de cigares, voilà 2 petites photos qui donnent une petite idée du processus de roulage du cigare.

On range bien les belles feuilles de tabac bien sèches

Et on les roule ensemble jusqu'à ce qu'elles ressemblent à des grosses knacks, mais en brun

Sous les projecteurs ce soir un corsaire écossais du XVIIè siècle, au destin assez incroyable puisque c'est sans doute lui qui inspira le personnage de Robinson Crusoe à Defoe.

Imaginez le topo, on est en 1704 et le sus-cité Selkirk essaie de convaincre le capitaine du navire sur lequel il se trouve qu'il faut le rafistoler avant de poursuivre leur voyage ...
Le ton monte et Selkirk réclame à être débarqué sur l'île toute proche de Mas-a-Tierra car il refuse de poursuivre le voyage à bord du navire.

Ni une, ni deux, le capitaine s'exécute, bien trop content de larguer un des principaux meneurs des diverses tentatives de mutineries à bord de son bateau.
Une fois sur l'île, Selkirk comprend immédiatement qu'il vient de faire une grosse connerie, il supplie qu'on le laisse revenir à bord mais rien n'y fera, ils l'abandonnent bel et bien sur cet îlot situé au large du Chili (à 400 milles quand même, donc pas moyen de le tenter à la nage ...).

Ses déboires ne s'arrêtent pas là, après 2 années un bateau passe et le naufragé attire l'attention de l'équipage.
Manque de pot, ce sont des espagnols et en tant que corsaire il aurait été plutôt mal reçu, donc il se planque et les laisse repartir ...
(La petite histoire raconte même que pendant les nombreuses battues sur l'île pour le retrouver un espagnol aurait pissé contre l'arbre dans lequel il se cachait, sans le voir naturellement )

Environ un an après il y a encore un navire espagnol qui passe, et finalement au bout de quasiment 5 années il tombe sur un compatriote rosbif qui le ramène à Londres sain et sauf.
Le pire c'est qu'après tout ce temps passé avec pour unique compagnons les chats et chèvres de l'île il supporte mal la vie "normale" et bien qu'étant devenue une star chez lui en Ecosse il mènera la fin de sa vie un peu en ermite, se construisant même sa propre case dans le jardin de la maison familiale.
(Faut croire que ça lui manquait trop)

La moralité de l'histoire, me demanderez-vous ?
Eh bien c'est que finalement, il a eu raison d'y rester sur son île cet entêté de Selkirk, car le bateau n'avait effectivement pas supporté le passage du Cap Horn, il a sombré en emportant avec lui la quasi-totalité de l'équipage ...
Seulement ça, quand il se faisait chier avec ses chèvres et ses chats, il ne le savait pas ...